HISTOIRE ET PATRIMOINE

Histoire et patrimoine | Un cadre naturel d’exception | La légende de la Calcagnetta

HISTOIRE ET PATRIMOINE

Situé entre mer et montagne, le village de San Giovanni est le plus haut village de la Costa Verde. Il se compose de six hameaux : Casone, Cioti, Reghjetu, Serra, Serrale et Tribbiolu. C’était autrefois le plus riche village de la pieve, et on peut encore voir ses belles maisons, témoins de sa grandeur passée.


Son église paroissiale Saint Jean, accompagnée de sa chapelle de confrérie Sainte Croix, représente le point central de la commune.
Avec son extérieur en pierres apparentes, son clocher de 33 mètres (un des plus hauts de l’île), son mobilier et ses œuvres d’art, elle est un des trésors de l’art baroque en Corse. Elle possède un riche intérieur, récemment restauré. On peut citer par exemple son retable et son tableau de l’Annonciation. Chaque année, le 27 décembre, on y célèbre la fête du saint protecteur. À côté de l’église on trouve la chapelle de confrérie. Construite au XVIIIème siècle, elle renferme un très beau décor baroque.

Église paroissiale Saint Jean

Plus haut, la chapelle San Mamilianu offre une large vue panoramique sur la Costa Verde.
On peut y accéder après environ une demi-heure de marche. De style roman, au toit de lauze, elle fut construite aux environs de 936. Autrefois, jusqu’en 1952, on y organisait une procession le 15 septembre, et on allumait un grand feu, visible dans toute la vallée. Les autres chapelles de la pieve faisaient de même. Le feu était également allumé à l’île d’Elbe et à Monte Cristo, où on trouve deux chapelles dédiées au même saint. Cette coutume était également un moyen de donner l’alerte en cas d’invasion barbaresque. À l’intérieur, on peut voir la légende de San Mamilianu peinte sur le maître-autel de la chapelle. Encore de nos jours, le 15 septembre donne lieu, au village, à un repas champêtre après la messe à la chapelle.

On trouve une chapelle dans chacun des six hameaux.
Par exemple, à Tribbiolu, la chapelle de l’Annonciation est un très bel exemple d’art baroque, et la chapelle Saint Dévote, à Serra, a été récemment restaurée. Au-dessus du hameau de Reghjetu, la chapelle Saint Roch était autrefois le lieu de l’une des plus importantes processions de la pieve. Chaque 16 août, la statue du saint y était portée deux fois en procession, l’une le matin, l’autre en fin d’après-midi. Enfin, à Casone, la chapelle de Notre Dame des Sept Douleurs renferme un très beau tableau représentant les douleurs de la Vierge lors de la crucifixion du Christ. C’est dans cette chapelle qu’est enterrée la comtesse Cervoni, épouse d’un des généraux de Napoléon. On raconte que, pendant l’exil de l’empereur à l’île d’Elbe, elle lui faisait passer des messages cachés dans des coquilles d’huîtres.

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UN CADRE NATUREL D’EXCEPTION

San Ghjuvanni bénéficie d’un cadre naturel d’exception : entre le Bucatoghju et le Pietrignani, sa forêt composée d’ifs et de buis est immense. On y rencontre fréquemment des aigles royaux. Notons que la mairie, accompagnée de l’association I Chjassi Muntagnoli, se charge d’entretenir les sentiers de randonnée situés sur la commune. Le village a mis en place des sentiers de randonnée permettant de découvrir la région, notamment le très original sentier botanique. Un site archéologique a été récemment découvert sur le mont Castellu Vechju : on y a trouvé quelques poteries, une grande jarre et des silex taillés, mais surtout des pierres gravées de signes, dont le mystère reste à élucider. Plus loin, à environ 900 mètres d’altitude, la grotte d’A Croce à u Zuccaru renferme elle aussi quelques vestiges préhistoriques et est gravée de signes.

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LA LÉGENDE DE LA CALCAGNETTA

L’arbre mystérieux

Il y a très longtemps, la mer en furie, porta vers les côtes de Padulella, trois barques à voiles blanches. Un berger qui gardait son troupeau près de là, s’approcha et après une longue attente, aperçut à l’intérieur des embarcations, des bestioles ayant la forme de grosses fourmis blanches et rouges de la taille d’un cabri.

Ayant raconté les faits à ses proches, la nouvelle se propagea dans les hameaux de la vallée montagneuse du Murianincu et, le lendemain à l’aube, les hommes de Reghjetu, Cioti, Serra, Serrale, Tribbiolu, Piazze, Coccula se précipitèrent vers l’endroit indiqué par le berger.

Mais les barques avaient disparu.

Ces hommes aux cheveux blonds et aux yeux gris étaient des géants. Ils cherchèrent longtemps et trouvèrent enfin, près de l’embouchure du Bucatoghju, éparpillées le long de la rivière, les grosses fourmis. Ils s’aperçurent qu’elles avaient un visage humain et qu’elles étaient gardées par trois hommes noirs armés jusqu’aux dents, à qui les hommes du Murianincu offrirent du fromage et du lait. Un pacte fut conclu entre les deux groupes. Les jeunes pouvaient épouser les naines sauf la plus belle « Bellafiora » qui était leur reine.

Et ainsi furent célébrés ces mariages et ce ne furent que chants, bals et musiques jusqu’au jour où un homme de Coccula éperdument amoureux de « Bellafiora », l’enleva en la ligotant sur un cheval. Arrivé en un lieu appelé « Malanotte » (nuit maudite) et avant de franchir la rivière, le cheval trébucha et se noya dans un trou d’eau en même temps que « Bellafiora » qui eut le temps de crier avant de sombrer : « Qu’ils soient maudits ! »

Aussitôt, un brouillard épais couvrit les pentes de la pieve de Moriani et quand le jour se leva, la malédiction commença.

Le jeune homme entreprenant et son père expirèrent, pris d’un mal foudroyant qui les atteignit au talon. Le même mal toucha tous les hommes et les hommes seuls, terrassés par cette maladie qui parce qu’elle naissait dans le talon fut appelée « A Calcagnetta ».

On vit alors des maisons vides, des êtres à l’abandon, des cadavres dévorés par les corbeaux. Les malades péniblement se traînèrent jusqu’à la pointe qui domine la vallée où se trouve aujourd’hui la chapelle de San Mamilianu, et sur la place où était creusée une fosse commune « l’arca », ils attendaient la mort. Quand d’autres malades arrivaient, ils poussaient les moribonds et prenaient leur place. Et ainsi de suite…

Ainsi disparurent tous les hommes du Murianincu.

« Ces hommes géants taillés pour le travail et pour la guerre ! ».

D’après Prete Carlotti dettu « Martinu Appinzapalu »


Il y a quelques année en voulant égaliser la place devant la chapelle, la municipalité de San Ghjuvanni fit creuser une tranchée pour construire un mur. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir une succession de fosses bourrées de crânes et de divers ossements humains. Un anthropologue de la région de Bastia, en mesurant les tibias, en conclut que les squelettes appartenaient à des hommes mesurant entre 1,72 et 1,78 m, soit des géants pour cette époque.

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